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Et l’extrême délicatesse
Des fibres de notre cerveau ;
Et cette faculté se doit à la nature.
Moi, j’en connois une autre et plus belle et plus sûre :
Lorsqu’il s’agit de retenir des faits,
Quelque science, ou bien divers objets
De la tête alors c’est l’ouvrage ;
Mais pour ne point oublier les bienfaits,
Et même avec plaisir s’en retracer l’image,
Penser au malheureux, soulager sa douleur,
Toujours faire le bien, mémoire vient du cœur.



FABLE XV.

LA VIEILLE FAUVETTE.


Jeunes oiseaux, habitans d’un bocage,
Pour célébrer du printemps le retour,
S’assemblèrent sous le feuillage.
On y vit venir à son tour
La doyenne des bois, une vieille fauvette,
Belle jadis, toujours coquette,
Ayant encor maintes prétentions,
Et croyant mieux chanter que merles et pinsons,
La première elle ouvre la scène,
D’un air avantageux se met à fredonner ;
Mais Dieu sait quelle fut sa peine !
Son gosier tremblottant ne fit que détonner.
Pour couvrir cet affront, vite elle veut apprendre
Aux spectateurs, qu’oiseaux jeunes et vieux
De tous côtés venoient l’entendre ;
Veut citer les concerts, les lieux
Où l’on trouvoit sa voix flexible et tendre ;