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L’aider à supporter sa charge trop pesante,
Rire de ses plaisirs, partager son bonheur.
Qu’en ces beaux jours j’étois heureuse !
Des trésors des coteaux je rendois grâce aux cieux,
En ramenant le soir notre bande joyeuse.
Alors celui qui travailloit le mieux
De pampres ornoit les cheveux
De la plus belle vendangeuse.
Non, je n’aurai plus de plaisirs,
Hélas ! que ceux dont ma mémoire
Conservera les souvenirs.
Toi, riante et superbe Loire,
Toi qui fais l’ornement, la richesse et la gloire.
De ma patrie et de tant de cités,
Je n’irai plus m’asseoir sur tes bords enchantés,
Respirant la fraîcheur de tes rives fleuries,
Tantôt m’abandonner aux douces rêveries,
Et tantôt me jouer dans tes flots argentés.


Voilà, mademoiselle, bien des sujets de plaintes et de regrets ; il y auroit de quoi faire une longue élégie. Ayant besoin de quelque dédommagement, il faut bien que je m’entretienne avec vous,


Sous ce berceau de vigne et de jasmin,
Entrelacé du muguet, de la rose,
C’est aux frais zéphirs du matin,
Que je trace pour vous, d’une tremblante main,
De foibles vers et d’aussi foible prose ;
Mais ce que dit le cœur vaut toujours quelque chose,
Je sens, en écrivant, le doux parfum des fleurs
Que la divine et bienfaisante Aurore
De tous côtés a fait éclore,
En les humectant de ses pleurs.