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Il ne trouvoit rien sous les cieux
Plus que lui capable de plaire.
Pendant ce débat important,
Près de ces fleurs, la violette
Émailloit du jardin le tapis verdoyant,
Ne disoit mot, et parfumoit l’herbette.
De leur éloge et de leur différent
Un vieux tilleul impatient
N’attendit pas le reste.
Je préfère, dit-il, la violette à vous ;
Elle exhale en tous lieux des parfums aussi doux,
Et, qui plus est, elle est modeste.



FABLE XIII.

LES DEUX RÊVEURS ET LE MÉDECIN.


Agités, tourmentés par de sinistres songes,
Deux amis musulmans allèrent un matin
Consulter en secret un fameux médecin.
Les rêves, disoient-ils, ne sont que des mensonges ;
Je n’y crois pas, assuroit chacun d’eux :
Mais vivre sans repos, c’est vivre malheureux.
Parlez-nous franchement, vérité toute nue.
Sans relâche, dit l’un, je vois sitôt minuit
Un scélérat qui me poursuit ;
Il m’atteint, il me vole, et souvent il me tue.
D’un bon sommeil ne puis-je espérer la douceur ?
De grâce ! rendez-moi ma santé, ma fraîcheur.
Pour moi, dit l’autre en Afrique, en Asie,
Je suis toutes les nuits élu roi, couronné ;
L’instant d’après, me voilà détrôné,