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À UNE JEUNE PERSONNE
qui vantoit les charmes de l’amitié et les préféroit à l’amour.


Non, non, ce n’est point à votre âge
Que la simple amitié que vous exaltez tant
Reçoit de nous le plus sincère hommage ;
Il est pour la jeunesse un plus doux sentiment.
Seule auprès d’un ami quelquefois on s’ennuie ;
Si l’on connoît l’amour, on pense à son amant ;
S’il paroît à nos yeux tout le reste s’oublie ;
Et ce n’est que du jour qu’on le sait inconstant
Que l’amitié devient le bonheur de la vie.



CHANSON.


De bien aimer, je me sens bonne envie ;
N’est-il pas temps, à quinze ans, d’y songer ?
Quand j’aimerai, ce sera pour la vie ;
Mais qui voudra pour toujours s’engager ?

Point n’ai d’appas, le temps sait les détruire ;
Point de trésors, le sort peut les ôter ;
Je n’ai qu’un cœur, las ! il devroit suffire ;
Mais qui d’un cœur voudra se contenter ?

Tous mes désirs mon amant fera naître,
Ma seule loi sera sa volonté ;
Le doux plaisir il me fera connoître,
Celui qui doit ravir ma liberté.