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ROMANCE.


Sylvandre avoit su m’enflammer,
Mais il me quitte pour Glycère ;
C’est lui seul que je puis aimer :
Pour l’oublier, comment donc faire ?

S’il revient chanter dans ces bois,
Je fuirai pour ne pas l’entendre :
Mais non, du charme de sa voix
Mon cœur ne pourra se défendre.

Aimables habitans des airs,
Qui gazouillez sous le feuillage,
Ranimez alors vos concerts ;
Qu’ils couvrent la voix du volage.

Vous, mon chien, qu’il caressoit tant,
Près de moi gardez votre place,
Ne cherchez plus cet inconstant ;
N’en retrouvez jamais la trace.

Et toi, berceau délicieux,
Qui fus si cher à ma tendresse,
Ne favorise point les feux
De Sylvandre et de sa maîtresse.

Si, pour récompenser sa foi,
Glycère y suivoit le parjure,
Berceau charmant, dépouille-toi
De tes fleurs et de ta verdure.