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On s’étonne, on s’émeut, aux armes chacun crie !…
Non, dit Mété, je cède à cette fantaisie.
Une femme de moins ne me fait pas grand tort.
La paix certainement vaut bien mieux qu’une femme ;
Ce bel objet donné ne change point mon sort.
J’ai toujours ri de l’amoureuse flamme
Qui fit battre dix ans les plus fameux héros ;
Jamais maîtresse ici n’eût causé tant de maux.
La princesse partit dans un riche équipage,
Et d’un air très-joyeux entreprit son voyage ;
Ce sexe aime à changer, et même d’esclavage.
Sur ces précieux dons le kan réfléchissoit,
Et se disoit,
Je ne puis les devoir qu’à stupide foiblesse,
Ou bien à l’extrême détresse.
Or, poussons ce monarque à bout :
Sans guerroyer j’obtiendrai tout.
Un mois après l’envoi de la princesse,
Par une lettre écrite au souverain
Le kan veut qu’il lui cède, et dès le lendemain,
La moitié de son territoire.
Oh ! oh ! dit vivement le roi,
Maintenant il y va de l’honneur de ma gloire.
Femme et cheval étoient à moi
Je pus en disposer sans nuire à la patrie :
Mais ce pays étant le bien de mes sujets,
Ah ! je le dois défendre au péril de ma vie.
Dès cet instant je romps la paix ;
Que tout ici se prépare à la guerre.
Marchons, marchons, contre cet arrogant,
Et la victoire, amis, ne nous coûtera guère,
Toujours le lâche est insolent.
Il avoit bien raison : il trouve en arrivant