Page:Ferrandière - Œuvres, 1816.pdf/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(180)

Dans ma jeunesse, je chéris
Ainsi que toi l’humaine race :
Mais j’ai connu le monde en vieillissant,
Et l’homme que j’aimois, je le crains maintenant.
De lui, comme des loups, redoutons la présence ;
Apprends que le cruel m’enleva trois petits ;
Il me les arracha dès leur plus tendre enfance,
Sans être touché de mes cris.
Qu’on lui doit rarement de la reconnoissance !
Notre toison se file, et sert à le vêtir :
Voilà pourquoi sa main nous en dégage.
Il double le profit qui doit en revenir ;
En mettant ses troupeaux dans un gras pâturage,
Si leur lait suffisoit encor à le nourrir !…
Mais je tremble toujours que le boucher ne vienne.
Je t’instruis de ton sort, mon fils, en gémissant :
Oui, de la dent des loups, si l’homme nous défend,
C’est qu’il nous garde pour la sienne.



FABLE CLXVIII.

MÉTÉ[1] OU LE ROI TARTARE.


Dans un canton de Tartarie,
Pays de la superbe Asie,
Mété règnoit en souverain,
Grand héros, juste et bon et surtout très-humain.
Satisfait du bel héritage

  1. Ce Mété que les Huns prétendent avoir été le fondateur de leur monarchie, a été revendiqué, à juste titre, par