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Qu’il soit ou chagrin, ou joyeux ;
Il faudroit l’assommer, s’il n’étoit nécessaire.
Le courageux taureau parfois est arrogant ;
Brusque, inconstante, et toujours ravageant,
La chèvre par sa pétulance
Excite mon impatience ;
Et le bœuf est triste et pesant.
La crainte de l’ennui me rend l’humeur sauvage,
Et rester seule aux champs me convient davantage.
Le mulet lui repart, et d’un air mécontent :
Chacun a ses défauts, n’avez-vous pas les vôtres ?
Adieu, plus d’entretien désormais avec moi :
Quand on méprise tant les autres,
Il est clair que l’on n’aime et n’estime que soi.



FABLE CLIV.

L’HIRONDELLE ET LA FAUVETTE.


Tu parles toujours contre moi,
Disoit une fauvette à la bonne hirondelle,
Et je voudrois savoir pourquoi ?
Il n’est entre nous deux ni procès, ni querelle,
Et pour toi mes défauts sont longue kirielle,
Un oiseau très-digne de foi
Vient encore de me le dire.
Le fourbe !… ah ! contre lui tournez votre courroux !
Ne vous voyant jamais, ne pensant point à vous,
Comment en pourrois-je médire ?
Allez, ma chère, allez, ceci doit vous instruire,
Que le méchant parle pour lui
Très souvent sous le nom d’autrui.