Page:Ferrandière - Œuvres, 1816.pdf/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(163)

S’il n’existoit ni vautours ni milans,
Aucun de ces oiseaux méchans
Qui troublent le repos du bois, de la prairie,
J’appellerois un bien la longueur de la vie.
Mais en volant toujours trembler,
Au lieu qu’il plaît n’oser aller,
Contre serres, gros becs, n’oser même parler !
Convenez avec moi ma chère,
Qu’une si longue vie est un siècle d’ennuis :
Sans compter que l’on perd des parens, des amis,
Et que vieux on devient chagrin et solitaire ;
C’est vivre alors trop misérablement.
Ah ! ne regrettez point les dangers de la terre,
Il vaut mieux dans son nid mourir tranquillement.



FABLE CLII.

LES DEUX VIEILLARDS.


Deux vieillards assis à l’ombrage
Devisoient sur plus d’un objet ;
Des nids d’oiseaux suspendus au feuillage
De leurs réflexions devinrent le sujet.
Pinsons, linottes, hirondelles,
Rossignols, fauvettes, moineaux,
À peine éclos,
Tous essayoient déjà leurs ailes,
Déjà vouloient courir les champs.
Un de nos vieux, qui les regardoit faire,
En soupirant disoit à son confrère :
Oh ! les cruels ! Oh ! les maudits enfans !