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FABLE CXLVIII.

LES DEUX GRECS.


Un Athénien vertueux
À quelques citoyens dit un jour sans mystère :
J’ai des neveux, je leur tiens lieu de père,
Et je voudrois les rendre heureux
Des fruits de mon labeur et de mon industrie.
Ils commercent à Magnésie[1],
Mais je suis trop foible, trop vieux,
Pour m’éloigner de ma patrie.
Je voudrois donc rencontrer maintenant
Un voyageur bien honnête homme,
Qui se chargeât de mon argent
Et dans leurs mains remît la somme.
Phanor, devant lequel Timon disoit cela,
Lui répondit : ordonnez, me voilà
Prêt à partir justement pour la ville
Où vos parens fixent leur domicile,
Et de vos dons bientôt jouiront vos neveux.
Je le promets, Timon, j’en jure par nos dieux
Et vous pouvez être tranquille.
— Oh ! d’un dépôt je veux t’éviter l’embarras.
Phanor, tu t’es moqué cent fois de ma croyance ;
Pour tes amis, pour toi, c’est pure extravagance.
Quoi ! jurer par les dieux auxquels tu ne crois pas !
Sais-tu ce que l’on doit inspirer dans ce cas ?
Le mépris et la défiance.
Adieu, tu peux aller tout de ce pas
Avec tes bons amis rire de ma prudence.

  1. Ville de Thessalie.