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La sienne, vive, brusque, autant qu’elle est sincère,
Après avoir fait très-grand bruit,
Se calme un peu ; l’âne s’approche, et dit :
À ton malheur je prends part, mon amie.
Hélas ! il est encore heureux
Que ce barbare loup ait respecté ta vie ;
J’en ai déjà remercié les cieux.
Ce compliment ranime sa colère.
— Eh quoi ! ne sais-tu pas qu’il n’épargne une mère
Que pour manger plus grand nombre d’enfans ?
Belle grâce ! et veux-tu que j’en sois attendrie ?
Ô le pauvre ignorant avec sa bonhomie !
Il croit tout pour le mieux, ne connoît point les gens.
Apprends qu’une faveur de la part des méchans
Cache nouvelle perfidie.



FABLE CXXVI.

LES DEUX ORGUEILLEUX ET LE VIEILLARD.


 
Un homme vain étaloit avec faste
Ses vertus, ses talens, surtout sa probité,
Enfin de son mérite il étoit enchanté.
Un autre homme avec lui formoit un vrai contraste :
C’étoit un franc Tartufe au visage serein,
Au regard faux, au ton benin ;
À nombrer ses défauts, se déprimant sans cesse,
Se flattant qu’on n’en croiroit rien,
Il mettoit toute son adresse.
Un bon vieillard écoutant leurs propos,
En souriant, leur adressa ces mots :
Par des chemins divers la vanité vous mène ;