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De votre race enfin suivoit l’usage,
Il faudroit déserter, quitter ce beau rivage :
Hélas ! hélas, que deviendrions-nous ?
À prier pour vos jours cette crainte m’engage.
Si ma franchise vous outrage,
Ordonnez, je suis prête à subir votre loi.
— Je ne punirai point cet aveu trop sincère,
Mais que de vous exigea votre roi.
Allez, allez, dévote mère,
Prenez cette bourse, et pour moi
Continuez toujours votre ardente prière.



FABLE CXXI.

LE LION MOURANT.


Un vieux lion disoit un jour :
Mon fils, vous jouirez bientôt de ma couronne ;
Ma vie est en danger, chacun vous fait sa cour :
Quand un roi dépérit l’univers l’abandonne.
Je vais vous parler sans détour ;
Écoutez des avis que mon amour vous donne.
J’eus grand tort de choisir pour ministre un renard ;
J’ai découvert, et par malheur trop tard,
Ses projets, ses complots, ses lâches artifices.
Ah, si le scélérat m’eût dit la vérité,
Je n’aurois pas fait d’injustice,
Et j’aurois la douceur de mourir regretté.
Effrayez ses pareils, que d’un traître il subisse
Le supplice.
Mon fils, pour réparer tous les maux qu’il a faits,