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Mais la neige et les noirs frimas
Sont, disoient les petits, un temps de bonne chère ;
En becquetant ce blé, nous reviendrons plus gras :
On le sème à dessein, dit-on, et pour nous plaire.
La mère parle encor de réseaux et d’appâts :
Les ingrats ne l’écoutoient guère.
Enfin la troupe indocile partit,
Gaîment chercha, trouva ce maudit coin de terre
Où savourant des grains, aux lacs elle se prit.
On se désole alors, tendre mère on regrette ;
C’est en vain que chacun l’appelle par ses cris,
Et tous disoient entr’eux : Hélas ! elle répète,
Ces chers enfans, mes pauvres fils,
Seroient encor dans ma retraite,
S’ils n’avoient pas dédaigné mes avis.



FABLE XCIV.

LE JEUNE HOMME ET LE VIEILLARD.


Un jeune homme voyoit souvent
Rêver, se promener dans la plaine, au bocage,
Vieux philosophe, habitant au village,
Et lui trouvoit toujours l’air serein et content.
Bon vieillard, lui dit-il, un jour en l’abordant,
Vous paroissez heureux autant que sage ;
Pour être ainsi, comment avez-vous fait ?
Oh ! puissé-je jouir de ce double avantage !
De vos jours, répond-il, faites un bon usage :
Bien partager le temps, ce fut-là mon secret.