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Un bon coup de canon est, parbleu, moins fâcheux,
— Cessez, brave guerrier, de plaindre ma misère :
Qui des oiseaux entend les airs joyeux,
Qui sent encor son cœur, et conserve ses yeux,
Admire ce beau ciel, le bénit et l’espère,
N’est point un vieillard malheureux.



FABLE XC.

LES TROUPEAUX ET LE BERGER.


Vers le soir un pasteur rassembla ses troupeaux
Et les conduisit dans la plaine.
Les bœufs se lamentoient sur leurs nombreux travaux
Sur la fatigue, sur les maux
Que leur causoit l’engeance humaine ;
La bonne vache à son tour gémissoit
Sur un enfant qu’un cruel ravissoit.
Et des chevaux, frappant du pied la terre,
Contre leur maître murmuroient
Du long chemin qu’ils parcouroient :
Tant de pas, disoient-ils, pourquoi ? pour satisfaire
Un caprice, un léger désir !
Encore si c’étoit pour quelque grande affaire !
Mais pour se promener, amuser son loisir,
Crever les gens, le beau plaisir ?
Point de grain, la verdure est tout notre salaire.
Enfin les brebis se plaignoient
Des élégans dîners du maître,
Qui chaque jour leurs petits enlevoient
Quand à peine ils venoient de naître ;
Tous de l’homme envioient le sort.