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La retint et lui dit : Apprenez-moi, monsieur,
Quel état est le vôtre ?… — Et mais, célibataire…
Mon métier, grand agioteur,
Et de ce pas je vais en France
Pour l’exercer avec bonheur.
Ces étrangers étoient à fort peu de distance
D’un bois touffu, bordé de chemins creux ;
Notre Espagnol piqua son coursier vigoureux :
La cavale de l’autre étant presque éreintée
Ne put l’atteindre, et l’honnête marchand
Regagne, en peu d’instants, la route fréquentée.
Bientôt il s’écria d’un cœur reconnoissant :
Dieu ! sauvez-moi toujours, ainsi qu’en ce moment,
Du tête-à-tête d’un athée,
Surtout quand il aime l’argent.



FABLE LXXXIII.

LE PONGO, OU L’HOMME DES BOIS EN EUROPE.


Des marchands voyageurs, en quittant Loango,
Enchaînent à leur bord un superbe pongo
Que le naturaliste appelle
Homme des bois, ou bien orang outang.
Chez les singes, dit-on, il tient le premier rang,
Et vit avec les siens sans humeur, sans querelle,
Celui-ci ressentit une douleur mortelle
Du destin qu’on lui préparoit
Pour aller figurer dans la ménagerie
D’un grand seigneur de Barbarie
C’étoit-là ce qu’il devinoit.