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les deux fleuves, paraît n’appartenir, en entier, ni à l’une ni à l’autre des deux langues ; il en est, en quelque sorte, l’intermédiaire, mais il semble participer bien plus de celle du Nord que de celle du Midi. Le mot aquitanique oc est inconnu dans la Vendée, et je ne crois pas qu’on l’emploie dans aucune autre partie du Poitou, tandis que oil y est l’expression la plus usitée pour affirmer ; il est vrai qu’on se sert, pour le même usage, de sia, qui est le si des Italiens, avec la désinence vendéenne ; mais on retrouve ce mot dans le si-fait de l’ancienne langue romance du Nord. Il en est ainsi de plusieurs autres mots et de quelques manières de prononcer le vendéen, qui sont absolument les mêmes que dans l’italien actuel ; mais si l’on ne peut s’empêcher d’y reconnaître l’influence du Midi, cette influence disparaît sensiblement dans la prononciation lourde, traînante et monotone du Poitevin et du Vendéen en particulier, qui contraste, d’une manière frappante, avec la prononciation vive, légère et accentuée des patois méridionaux. Plus accentuée aux Sables et à l’île d’Yeux, elle est tout aussi traînante que dans le reste du département. Quelques cantons, comme Bouin, Noirmoutiers et quelques communes au Nord-Est, limitrophes de Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres, présentent des différences trop peu importantes pour mériter d’être marquées. »

Ces observations sont justes. Nous verrons qu’elles ont été en partie acceptées par les autres philologues qui se sont occupés du patois poitevin.

Dans un mémoire adressé à la Société des Antiquaires de France, M. Dupin, préfet des Deux-Sèvres au commencement du premier Empire, étudie sous ses divers aspects notre patois. Il considère le patois vendéen comme le plus original et le moins altéré des dialectes poitevins. Il remarque que la Vendée était seulement en contact autrefois avec la Bretagne, et qu’il existe beaucoup d’analogie entre les Bretons et les Vendéens, dans les caractères, les coutumes et les monuments druidiques.

« Ce langage, écrit-il, est âpre et renferme des traces nombreuses des anciennes langues septentrionales, tandis que le dialecte du Haut-Poitou parait avoir été un peu adouci par le contact des langues méridionales. On y rencontre des expressions, des tournures de phrase, des prononciations qui tiennent de l’italien et de l’espagnol.

« Depuis 25 ans (1807), ajoute M. Dupin, le patois a subi des altérations sensibles. C’est dans les villages protestants, entre Saint-Maixent et Melle, que le dialecte du Haut-Poitou s’est le mieux conservé.

« Le meilleur patois est celui qui se rapproche de la prononciation. La Revellière-Lepaux a fort bien exprimé la prononciation du Vendéen et du Bas-Poitevin. Il ne faut chercher ni