Page:Faucher de Saint-Maurice - À la veillée - contes et récits, 1879.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 94 —

semblables. Tout est récompensé en ce monde, et parce que jadis je fus bon envers un nécessiteux, je viens de recevoir une grâce inespérée. Dieu a permis que je fusse averti : au soleil couchant je dois mourir. Martial Dubé m’est apparu sur la roche du vallon ; il m’a dit que tout était fini, et je n’ai que le temps de me préparer. Attelle au plus vite, Pierre, et va chercher M. Duchesnau, notre curé.

Pierre se mit en route pendant que tout le monde pleurait, et que ma grand’tante ne savait où donner la tête.

Au milieu de tout ce monde en sanglots, mon oncle conservait son sang froid ; il donnait ses dernières instructions, écrivait des lettres à ses parents d’Écosse ; puis, quand le curé fut arrivé, ils s’enfermèrent tous deux, et Dieu seul sut ce qui se passa entre ces deux hommes. Seulement, lorsque l’abbé sortit, on m’a rapporté qu’il avait les yeux pleins de larmes, pendant que le front de mon grand-oncle rayonnait d’une sérénité angélique.