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dinaire et, laissant là sa charrue, il le suivit à distance pour voir ce qui allait se passer.

M. Fraser gravit lentement les marches de son perron. Sa femme était précisément à la porte qui balayait l’entrée : il la baisa au front, et, décrochant le cor qui lui servait à rappeler les hommes du travail, il se prit à le sonner vigoureusement.

Debout sur le seuil de son manoir, le capitaine Fraser ressemblait à une apparition de sa jeunesse disparue. C’était ainsi qu’il devait sonner l’hallali du cerf, au fond des gorges sauvages des montagnes du Morven ; calme et impassible, c’était ainsi qu’il devait redresser sa haute stature sous la pluie de balles que le Royal Roussillon et le Royal Angoulême faisaient grêler sur son régiment, au terrible jour de la bataille des plaines d’Abraham.

Tous ses hommes couraient à travers champs ; on les voyait venir à qui mieux mieux, croyant trouver la maison ou les