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arrivés d’Écosse, boîtes à thé venues de Chine, mélasses et guildives des Îles, eaux de vie de France, toutes ces bonnes choses de commerce défilaient sous le rayon de sa lanterne.

Partout l’ordre régnait : la nuit promettait d’être tranquille ; à la porte résonnait le pas cadencé d’une patrouille, et de temps à autre arrivait un cri de détresse, poussé par le passant attardé que les matelots pressaient pour recruter la marine de S. M. Britannique, représentée en ce moment par deux gros vaisseaux de ligne ancrés dans la rade de Québec.

Pas un voleur ne rôdait aux environs, et l’oncle Fraser, satisfait de sa promenade nocturne, se disposait à aller se mettre au lit, lorsqu’en dirigeant un dernier rayon de lumière vers son comptoir, il aperçut, assis sur un ballot et la tête tristement appuyée dans une de ses mains, son ancien client, Martial Dubé.

— Diable ! que fais-tu là, mon garçon ? dit-il d’une voix mal assurée.