Page:Faucher de Saint-Maurice - À la veillée - contes et récits, 1879.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 74 —

Roussi tint bon tout de même ; sa main n’avait pas lâché la barre ; ses habits ruisselaient, le froid augmentait, et Daniel qui avait à demi esquivé ce coup de mer, s’en consolait en reprenant un second coup.

— Là, vraiment, Cyprien, tu n’en prendrais pas ? Ça fait furieusement du bien pourtant, lorsqu’on est mouillé !

Cyprien eut un frisson ; il ne sentait plus la pression de ses doigts sur la barre ; l’onglée l’avait saisi, et détachant une main du gouvernail, il la tendit enfin vers Daniel et but à longs traits.

Il avait menti à sa pauvre morte !

Le lendemain matin, on trouva à l’entrée du Banc une barge jetée au plein la quille en l’air.

Depuis ce sinistre, on aperçoit à la veille du mauvais temps une flamme bleuâtre courir sur la baie.

— Suivant les rapports de ceux qui l’ont examinée, dit l’abbé Ferland, elle s’élève parfois du sein de la mer, à demi-