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ii

raient papillonner autour de vous : vous les embrassiez, et il me semblait voir la patrie canadienne et la patrie française réunies dans une même étreinte.

Ému, je songeais que parti de Marseilles, vous étiez venu — à trois siècles de distance — renouveller ici ce que jadis avaient accompli nos aïeux. Comme eux vous aviez mis au fond de votre cœur un lambeau de la patrie ; comme eux vous étiez parti courageusement pour vous faire canadien et vous joindre au vaillant groupe des pionniers de la France en Amérique. Alors — comme si vous saisissiez ma pensée — vous vous mettiez à raconter à vos enfants les dangers, les sacrifices, les actes de dévouement et d’abnégation de ceux qui créèrent le Canada ; puis, vous entremêliez cette leçon d’histoire de ces enseignements qui, lorsqu’ils sont bien compris par la jeunesse, finissent toujours par façonner et par tremper un homme.