Paradis croyait rêver, et pourtant il n’y avait pas à douter, c’était L’Edgar qui glissait silencieusement sur le flot, suivi de son convoi. À mesure que les navires filaient, le brouillard semblait courir dans leur sillage, et bientôt, à l’exception de L’Edgar et de quelques autres, tous doublèrent la Pointe-aux-Anglais, entrèrent dans la passe et allèrent s’évanouir sur les récifs de l’Ile-aux-Œufs.
C’était Walker.
Depuis, chaque fois que sur le Golfe la brume s’étend froide et serrée, « l’amiral du brouillard » revient croiser en ces parages.
Derrière lui voguent les vaisseaux surpris dans ces endroits désolés. Sans que les matelots le sachent, il les entraîne à sa suite, — et c’est ainsi que chaque année il y a tant de navires qui périssent dans le Golfe Saint-Laurent.