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il s’en était allé mettre un tison dans les poudres de la sainte-barbe, et s’était fait sauter. Le capitaine Paradis et une couple de matelots furent seuls sauvés.

Paradis parvint à passer en France, et à trouver là le commandement d’un vaisseau, l’Espérance de Nantes, en partance pour le pays.

La traversée fut heureuse, et, chose extraordinaire à cette saison avancée, il ne rencontra aucune brume sur les bancs de Terreneuve.

Ce navire filait comme s’il eût été béni par le pape, et déjà il était arrivé à la hauteur des Sept-Isles, lorsqu’une accalmie se fit, et le capitaine se trouva saisi par le brouillard qui le força à rester stationnaire. Debout sur son banc de quart, l’oreille et l’œil au guet, il cherchait à interroger ce vague gris qui absorbait l’horizon. Peut-être songeait-il à l’anglais, lorsqu’il entrevit la silhouette d’un vaisseau, puis de deux, puis de huit, puis de vingt, qui s’avançaient à travers l’impénétrable banc de brume. Le père