Page:Faucher de Saint-Maurice - À la veillée - contes et récits, 1879.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 47 —

le déposer à fond de cale en attendant que justice se fasse.

Ce qui fut ordonné fut fait.

Pendant six longues semaines le père Paradis, enchaîné, ne vit ni ciel ni jour, comme dit la chanson. De temps à autre, le geôlier, en lui jetant sa pitance, lui donnait par-ci par-là quelques nouvelles. C’est ainsi qu’il apprit comment Walker s’était fiancé à miss Routh. Le soir même du bal chez la reine Anne, un lord quelconque lui avait remis son brevet d’amiral, avec ordre de partir la nuit même pour Boston. De grand matin, le nouveau commandant s’était rendu au port d’embarquement, et là, pour éviter les soupçons, il avait mis sa fiancée à bord du convoi, décidé à se marier le jour où la prise de Québec aurait fait tomber tout le Canada sous la domination anglaise. Mais, hélas ! le bras de fer du vieux Paradis avait éparpillé tous ces rêves, et maintenant la fiancée de l’amiral dormait dans les sables de la côte du Labrador, en face de l’Île-aux-Œufs