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Canadien-français de vous résister. J’amène une seconde fois mon pavillon. M. l’amiral, et sauf le respect que je vous dois, je prends pour deux heures le commandement du vaisseau. Sur mon âme, il ne lui arrivera rien ! Faites carguer les voiles ! ne laissez que la toile des huniers, ainsi que la mizaine. Dites-leur ça en anglais !

Un silence de mort régnait à bord ; on n’entendait que les hurlements de la tempête qui arrivait dans le lointain, et les bruits de la manœuvre commandée par le capitaine. L’Edgar, docile à la moindre pression de la rude main du Canadien, se cabrait comme un cheval que l’on dompte. Le long des sabords on voyait filer les lueurs de la mer qui, étincelante, se brisait à quelques encâblures de là sur les récifs, et déjà l’Île-aux-Œufs était dépassée, lorsqu’un coup de canon se fit entendre à l’arrière. Il venait du convoi qui n’avait pu suivre la course de l’amiral. Puis ce fut deux, puis trois, puis huit, puis quinze coups ; on