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entendre raconter ces choses par le grand-père Paradis. Les matelots chantaient gaiement en tirant sur les poulies, les vergues craquaient sous le poids de la toile qui se gonflait. Mais dans son coin le capitaine Paradis lançait toujours ses regards fauves.

La nuit arrivait à tire-d’aile, et promettait une fière course à l’Anglais, lorsque une voix se fit entendre à l’avant :

A hoy ! des brisants à tribord !

— Lof pour lof ! hurla l’officier de quart en jetant un regard d’épouvante sur son amiral.

La frégate, soumise au gouvernail, fit tête au vent, pendant que Walker disait à son prisonnier :

— Capitaine, il y va de notre vie à tous ; choisissez entre la barre ou le bout de la grande vergue.

Jean Paradis eut un nouvel éclair dans les yeux ; mais il reprit d’une voix lente :

— Je vois bien qu’il est inutile pour un