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L’Angleterre était alors gouvernée par la reine Anne, qui avait une cour magnifique. Ceux qui vivaient en ces temps-là n’étaient pas des sots, paraît-il : ils s’habillaient en soie et en velours, mangeaient dans des plats d’or, et buvaient du meilleur. Néanmoins l’époque avait son petit défaut, assurait l’arrière-grand’père de Jean ; on coupait le cou à ceux qui déplaisaient à la reine.

Or, un soir, il y avait fête au palais. On dansait, on riait, on jouait gros jeu, et tout allait pour le mieux, car la reine Anne avait ri à deux reprises différentes, lorsque tout-à-coup les figures se rembrunirent. L’amiral Walker causait dans l’embrasure d’une fenêtre avec la jeune miss Routh et, comme ces amours étaient vus d’un mauvais œil par la reine, en les apercevant en tête-à-tête, elle avait froncé le sourcil.

Néanmoins, comme l’orchestre allait son train, et que la reine s’était mise à danser un menuet, chacun vit bien que l’orage n’éclaterait que plus tard, et, dès