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blonds fils de l’aurore boréale. À mesure qu’il les regarde nouer leurs valses, il se sent fasciné : et le lendemain matin, on le retrouve immobile sur la grève. Son âme s’en est allée se mêler à la danse vertigineuse des marionnettes.

Un soir, ajouta Descoteaux en m’expliquant cette poétique croyance, nous étions allés faire une promenade au large, lorsqu’un de mes oncles s’avisa de les faire danser. Petit-à-petit leur cercle de feu vint se rétrécir au-dessus de notre tête ; les marionnettes se mirent à tournoyer autour de la berge et à nous passer le long des oreilles avec une rapidité étourdissante. Mon pauvre oncle ne faisait plus un mouvement, et les regardait avec de grands yeux fixes. Heureusement nous touchions aux galets ; nous le transportâmes sans connaissance à la maison, et ce n’est qu’au contact d’un rameau bénit qu’il reprit ses sens.

La vieille horloge de Jérôme se mit à sonner onze heures. Dans l’ombre, les chandelles de suif allongeaient leurs