Page:Faucher de Saint-Maurice - À la veillée - contes et récits, 1879.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 23 —

sur mon dos mon vieux fusil. À l’un des détours de la rivière, je me trouve soudain en face de deux superbes sarcelles qui se lissaient coquettement les plumes, à une demi-portée du talus. J’épaule et laisse tomber le chien : rien. Mon vieil ami s’était décidé à me rater compagnie. Je le prends, l’examine, et m’apercevant qu’en route j’avais perdu la capsule, je ne fais ni un ni deux, je frotte une allumette et l’applique sur le bassinet. Paf ! le coup part ; mais en me donnant une maîtresse tape qui me flanque à l’eau. Pourtant je ne perds pas la tête, et je reviens sur la grève avec mes deux sarcelles. À peine avais-je mis pied à terre que je sens un fourmillement extraordinaire dans ce que le bourgeois s’obstine à appeler le poste Ergot. J’y porte la main sans façon, et, que retirai-je, mes bons amis ? trois magnifiques truites que j’avais seinées avec mon fond de culotte.

— Cette pêche est miraculeuse, mais je n’ai pas de peine à y croire, ajouta Jean Bart, car entr’autres choses extraordinaires, voici ce qui m’est arrivé, à moi,