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— Oui ! oui ! des petites merises ! Il y a un an, j’étais allé jusqu’à la savane du Grand-Brûlé. Les lièvres foisonnaient autour de moi, mais, hélas ! j’avais oublié d’emporter du plomb. L’idée me vint, tout en grugeant des merises, d’en glisser quelques-unes dans le canon de mon fusil. Un lièvre passe : boum ! Je le vois qui file, à triple vitesse. Un an après, il y a de cela quelques jours, j’avais affaire au deuxième rang : il me fallait passer par le même endroit, car ça me donnait un raccourci, lorsque devant moi je vois un petit arbuste se mouvoir. Il y a du gibier là-dessous, que je me dis. V’lan ! je lâche mon coup. Ne voilà-t-il pas que je trouve, quoi ? mon lièvre de l’année dernière avec une jeune pousse de merisier entre les deux oreilles.

— Je n’ai pas d’aventure de chasse qui vaille la peine d’être racontée, à l’exception d’une toutefois, dit sournoisement Jérôme profitant d’un moment d’hésitation marquée chez Jean Bart. J’étais allé draver dans le haut de la rivière Matane, et, par précaution, j’avais bouclé