Page:Faucher de Saint-Maurice - À la veillée - contes et récits, 1879.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 21 —

Blanche, lorsqu’au coude qu’elle fait près du Boom, j’aperçois cinq superbes canards qui barbottaient de conserve. J’avais bien avec moi tout ce qu’il fallait ; mais comment tirer ? en ligne, les cinq coins-coins y seraient passés, mais, hélas ! ils nageaient en demi-cercle. Tout-à-coup une idée lumineuse me traverse la tête. Mon fusil avait le canon aussi long que celui qui est là, suspendu à cette poutre. Il avait vu les temps des Français ; ce sont les meilleurs, paraît-il, et comme j’avais une aveugle confiance en lui, je l’arcboutai sur mon genou et fis décrire une bonne courbe à son canon. Cinq minutes après, j’avais les cinq canards emplumés bec à bec et passés en sautoir sur mon dos.

— C’était un superbe fusil tout de même, reprit Bidou en allumant une nouvelle pipe, et j’aurais été curieux de le comparer à celui que je chargeais avec des petites merises.

— Des petites merises ! s’écria Jean Bart dissimulant mal sa stupéfaction.