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vice-rois espagnols a réussi à l’abâtardir et à la rendre paresseuse, joueuse et insouciante, elle ne s’en est pas moins conservée douce, affectueuse et naïve comme autrefois.

Ce ne sont plus, il est vrai, ces fières tribus indiennes que l’on est habitué à voir traverser encore furtivement les clairières de nos forêts, et le voyageur perdrait son temps à chercher le dernier rejeton de l’aristocratique lignée aztèque parmi tous ces Meztitos qui passent nonchalamment devant les ruines de leur race — las viejas piedras, les vieilles pierres, comme ils les appellent, — sans même se demander ce qu’elles étaient autrefois, « avec cette dignité des sauvages que rien n’étonne, qui prennent les accidents de leur existence comme nous prenons les caprices du sommeil. Ces gens-là, je le veux bien, disait Paul de Molènes, sont inférieurs aux habitants des villes ; mais on ne peut nier qu’ils ne participent à cette splendeur mystérieuse que Dieu donne aux arbres, aux plantes, à tout ce qui vit sous le regard du ciel. »