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M. de Barrès, au bord des routes et des sentiers, de petites fermes mal cultivées, mal tenues, abandonnées à la bonne ou à la mauvaise chance des saisons. Çà et là, un champ de maïs, une prairie aride dans les temps de sécheresse, touffue de mauvaises herbes à l’époque des pluies, quelques bœufs broussaillant autour des haies et regardant d’un œil morne passer les voyageurs. Si vous pénétrez dans cette demeure, vous vous sentirez glacé par le vide et l’aspect sordide du lieu : de meubles point ; une ou deux nattes sur les briques, quelques escabeaux graisseux ; sur le mur de la salle un trophée énorme de plats de toutes couleurs, de jarres et de petits pots de formes grotesques, modelés en chiens, en canards, en tarasques ; en face une image de la Vierge sous verre ; mais si vous pénétrez dans l’appartement intime, vous y découvrirez des selles plaquées d’argent, des harnais, des éperons, des armes, deux ou trois zarapes de prix, une guitare, et presque toujours une belle fille affairée à la besogne du ménage et au soin des