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cigarette de maïs qu’il était en train de se faire, lorsque le croupier lui annonça cette excentricité de la roue de fortune.

Tous les officiers français qui sont passés par Mexico ont dû rencontrer dans la rue fashionable de la ville — la calle de los Plateros — à l’heure où l’on va au café prendre l’absinthe du soir et faire sa partie de piquet, un petit vieillard tout courbé, marchant avec peine sur son bâton d’épine. Tous ont dû jeter une aumône dans cette main suppliante qui se tendait silencieusement vers eux, mais aucun n’a sans doute songé à se faire raconter le roman incroyable de ce mendiant, jadis un des millionnaires de la cité impériale, et qui, après avoir perdu ses trésors dans une seule nuit, joua son fringant équipage piaffant à la porte, les livrées de son cocher et de ses deux chasseurs, et — la fortune continuant à lui être défavorable — sa montre, son anneau d’or, puis sa garde-robe !

Des faits terribles comme celui que je cite font bien vite juger du moral d’un