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objet d’adoration dans tout l’Anahuac, et le jetait aux pieds de la divinité à qui le temple était consacré. La triste histoire du prisonnier était offerte en exemple, par les prêtres, comme le type de la destinée humaine, brillante à son début, mais trop souvent terminée dans la douleur et l’infortune. »

Encore si le drame sanglant se terminait sur l’horrible pierre, on pourrait lui donner peut-être pour excuse les rites inflexibles d’un culte diabolique ; mais le cœur se soulève à le dire, le soir, ces pauvres membres tout déchirés étaient apprêtés de la manière la plus délicate possible, et servis sur des tables fastueuses, toutes chargées de poteries chatoyantes, encombrées de breuvages délicieux et entourées de l’élite de la noblesse qui avait reçu une éducation raffinée dans les solitudes du temple.

Puis, au sortir de ces orgies et de ces dîners d’apparat, tous ces graves magistrats, ces illustres sénateurs gorgés de chair humaine, allaient au tribunal punir