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le dépouillait de ses riches vêtements ; il disait adieu à ses belles épouses ; une des barques royales le transportait au-delà du lac dans un temple construit sur ses bords à quatre kilomètres environ de la ville. Tous les habitants de la capitale accouraient alors pour assister au dénouement de la tragédie. À mesure que la procession gravissait les flancs de la pyramide, le pauvre captif déchirait ses guirlandes de fleurs, et brisait les instruments de musique qui avaient charmé les heures de sa trompeuse félicité. Six prêtres l’attendaient au haut de l’édifice. Ils saisissaient la victime et l’étendaient sur la pierre du sacrifice, bloc de jaspe, convexe dans sa partie supérieure. Cinq prêtres tenaient la tête et les membres du patient, tandis que le sixième, couvert d’un manteau rouge, emblème de son sanglant ministère, ouvrait la poitrine de la victime avec un couteau aigu d’istely — obsidienne — substance volcanique presque aussi dure que l’acier, et plongeant la main dans la plaie, il en retirait le cœur palpitant, le présentait au soleil,