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région inconnue par les mains basanées de quelques modestes apôtres du Christ, s’effacent devant les yeux terrifiés du penseur, qui n’entend plus que les cris sinistres des victimes humaines que l’on offre de tous côtés à des dieux de pierre, et qui essaie rapidement de chasser tout cet horrible cauchemar de poitrines ouvertes, de cœurs sanglants et de mains fouillant ces chairs toutes palpitantes.

J’ai vu cette pierre dans la collection d’antiquités mexicaines conservée au musée de Mexico. Lors de la dédicace du grand temple de Huitzilopochtli en 1486, soixante-dix mille captifs y furent immolés. D’après un chroniqueur, ils étaient rangés par file, et leur procession occupait près de deux milles d’étendue. Un voyageur qui a parcouru le Mexique en 1854, M. Just Girard, dit que le chiffre des victimes annuellement immolées dans ces contrées était vraiment incroyable. À peine trouve-t-on un historien qui l’évalue à moins de vingt mille.

J’ai apporté avec moi les fragments d’une idole de Huitzilopochtli trouvés au