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tira par la manche de mon habit et me força à me pencher jusqu’à son oreille.

— Pourquoi mettre grand’mère là-dedans ? dit-il. Mais, regarde donc, Henri ! ils lui jettent des pierres.

— Pauvre enfant, mère-grande est là, parce qu’elle est morte ; ce trou est le chemin par où l’on passe pour aller voir le bon Dieu.

Pendant que la terre se nivelait, Charles ne dit plus rien ; mais au tremblement de sa petite main, je sentis qu’il avait compris, et ce soir*là, je l’entendis pleurer tout bas dans son lit. Dans la nuit, il eut un léger accès de lièvre, et pour l’endormir, je fus forcé de remplacer grand’mère et de lui chanter la navrante berceuse de Voitelain :

Dodo ! l’enfant dodo !
Les malheureux vieillissent vite,
Dodo ! l’enfant dodo !
Garde tes larmes pour tantôt !