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rée ; puis, survint un léger étourdissement ; alors grand’mère avait voulu se faire transporter sur le canapé où, cinquante ans auparavant, son mari était mort, et là, sans douleur et sans remords, elle mourut.

Dans la maison, tout le monde sanglotait, et pourtant il fallut bientôt se séparer de la chère dépouille. Grand’mère prit le chemin du cimetière, suivie d’un convoi bien mince ; les justes laissent si peu de traces ici-bas ! Mon compagnon de route et de tristesse fut le petit Charles. Sa main dans la mienne, il marchait à pas inégaux, les yeux rougis, sans trop savoir pourquoi ; c’était le premier mort qui traversait sa vie, et le pauvre enfant ignorait encore le profond mystère de la tombe. Il fut silencieux jusqu’à la fosse ; mais lorsque les cordes crièrent, lorsque le cercueil, balancé au-dessus du trou, fut déposé dans son lit de terre, lorsque le premier coup de pelle du fossoyeur eut gauchement fait rouler un gros caillou sur le couvercle de la bière, Charles me