Page:Faucher de Saint-Maurice - À la veillée - contes et récits, 1879.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 129 —

des plus grands enseignements de notre famille.

Si vous vous en souvenez bien, nous étions une nichée de dix à la maison. Or, petit à petit, chacun de nous avait fini par sortir la tête hors du nid. L’imprudent mesurait l’espace un instant, battait de l’aile, puis finissait par prendre sa volée. Les uns partirent pour l’étranger, d’autres pour le collège ou le couvent, et un jour grand’mère se trouva seule avec le petit Charles, inquiet et toujours souffreteux.

L’aiguillon du mal avait développé l’intelligence de Charles. Grand’mère mettait à son service sa longue expérience et la sagesse de ses vieux ans. C’étaient là les hochets de l’enfant, et rien n’égalait la joie charmante qu’il éprouvait lorsque la leçon se cachait sous un de ces contes comme elle seule savait nous les dire.

Une nuit pourtant, ces lèvres fines et gauloises se fermèrent à tout jamais.

Une faible indisposition s’était décla-