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légère différence, néanmoins. Lorsque j’en prends une, je reste à la maison. Le travail me donne sur les nerfs alors, et j’éprouve le besoin de le perdre de vue pendant quelques jours ; car voyez-vous, j’étais né pour être comme vous un véritable monsieur. D’ailleurs, soyez tranquille ; elle n’est pas grosse, fit-il en frappant avec conviction sur le ventre de sa cruche ; j’espère revenir demain, si je rencontre quelques amis.

Vous serez des nôtres, monsieur Henri, continua-t-il en s’adressant à moi ; vous n’êtes pas fier, vous, pour les pauvres gens ; on fumera, on dira des contes et l’on chantera ; vous aussi, M. Nicol, vous viendrez, n’est-ce pas ? car si l’on me laisse tout seul, ça prendra plus de temps. Allons, à ce soir, messieurs.

Il partit en se dandinant, sa cruche sous le bras, comme un officier anglais qui porte son sabre.

Et voilà comme ce soir-là je veillais en joyeuse compagnie chez mon nouvel ami, monsieur Jérôme Tanguay.