Page:Faucher de Saint-Maurice - À la veillée - contes et récits, 1879.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 110 —

En me voyant, il allongea tristement la tête hors des draps ; puis, me tendant sa main amaigrie, me dit en ébauchant un sourire :

— Eh bien ! mon pauvre Henri, moi qui me suis pris à aimer les voyages, me voilà à la veille d’en faire un bien long, n’est-ce pas ?

Puis, il ajouta :

— On n’en revient pas de celui-là, mon pauvre ami, et c’est pour cela que je veux te demander un service. Aie soin de Julie quand je ne serai plus. Ramène-la au pays : tous ces gens qui nous entourent sont trop occupés de leurs affaires, et l’on meurt mal à son aise par ici.

Il fit une nouvelle pause, et comme une crise de toux nouvelle le faisait cracher, il dit douloureusement :

— Mon pauvre Henri, le médecin m’a défendu de parler !

Alors nous restâmes l’un vis-à-vis de l’autre à nous regarder dans le blanc des yeux, comme deux vieux amis qui se