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Un jour, il fallut bien tout m’avouer Jean avait des dettes : son revenu ne suffisait plus pour solder les gros intérêts de l’hypothèque, et sa terre allait être vendue aux enchères publiques.

Que faire en pareille circonstance ? Jean n’avait pas le sou ; moi, j’étais sans crédit, et ce que les prêteurs d’argent veulent, ce sont de bonnes garanties et de solides endosseurs. La terre paternelle tomba donc sous la main du shérif.

Julie, sa femme, avait été prévenue. En bonne et courageuse femme qu’elle était, elle accepta cette épreuve avec résignation et, comme Jean lui disait :

— Gagnons les États-Unis ! on dit qu’il y a de l’argent à faire pour quiconque s’y montre honnête et industrieux.

Elle répondit :

— Avec toi, j’irai au bout du monde. Je sais coudre, je me ferai modiste.

— Moi ! je ferai l’école, je travaillerai à n’importe quoi. Là-bas, je ne suis pas connu ; je ferai de tout ce qui est honnête.