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un acacia ou un tilleul, qui étaye tant bien que mal une ruine… Et de l’herbe entre les pavés…

L’église est au sommet du coteau : Notre-Dame de Fourvières, où toute l’Europe catholique fait pèlerinage. – Fourvières, il y a dix-huit siècles, fut le Forum de Vénus, le centre et l’acropole de la cité de Claude.

Sur les ruines païennes, obscures et ensevelies, la basilique s’assied comme sur un trône. Elle est énorme. On y a dépensé un luxe écrasant de granits et de marbres, si bien que la bâtisse, à force de pierrailles, apparaît lourde à défoncer le coteau qui la porte. Mais c’est mieux ainsi. Fourvières s’harmonise à la plaine qui gît sous ses tours, – la plaine lyonnaise, éternellement brumeuse, et comme écrasée sous des nuages trop bas. À la cité pensive et sombre convient le sanctuaire pesant, conviennent les quatre donjons qui lui servent de flèches, et qui montent vers le ciel, épais et frustes, comme des prières de serfs courbés sur la glèbe…

Quand mademoiselle Dax arriva sur le parvis, un rayon de soleil se faufilait par une déchirure de nuages. Mais ce rayon, sur l’église couleur de brume, ne trouva point de blancheur où se refléter. Seule flamboya, au plus haut des toitures, la statue dorée de l’archange Michel qui terrasse un Satan cornu.

Mademoiselle Dax fit une moue :

— Vrai !… C’est du joli, cette horrible ville toute grise !