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IV


Mademoiselle Dax, jeune fille suffisamment avertie des réalités de la vie, n’ignorait pas du tout que les baisers sont monnaie courante en ce bas monde. Mais son esprit un peu absolu les divisait nettement en deux catégories : la catégorie légitime, laquelle comprend les baisers familiaux et conjugaux ; et la catégorie scandaleuse, laquelle englobe tous les baisers abominables qu’échangent les jeunes gens fêtards avec leurs vilaines femmes, – des femmes peintes qu’on rencontre parfois dans des victorias couleur de turquoise. Or, le baiser que s’étaient donné Bertrand Fougères, diplomate et Carmen de Retz, femme célèbre, n’entrait ni dans l’une ni dans l’autre catégorie… Et mademoiselle Dax en demeurait bouleversée d’une stupeur inquiète…

Bertrand Fougères, cependant, saluait madame Dax avec une courtoisie mondaine qui sentait d’une lieue la Carrière ; et mademoiselle de Retz esquissait une révérence un brin romantique, mais d’autant plus polie.

Puis tous deux s’approchèrent de mademoiselle Dax, qui ne les quittait point des yeux. Elle les trouvait d’ailleurs parfaits, mieux encore qu’elle n’avait vu sur le Signal… Mademoiselle de Retz était vraiment très