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La visite a duré quinze minutes : madame Dax se lève.

— Ah non ! – proteste madame Terrien. – Si vous partez maintenant, je prends ça pour une injure personnelle. D’abord, nous hébergeons ici deux amis qu’il faut que je vous fasse connaître ; ils sont je ne sais où, mais ils vont rentrer. Et puis, c’est l’heure du thé. D’ailleurs, je suis absolument sûre que vous n’avez rien à faire dehors ?…

Madame Terrien met en train le samovar qui brille sur la table toute servie.

— Surtout, n’allez pas croire que mon thé ressemble au foin coupé de l’hôtel ! Ah non ! c’est du thé pour gens qui s’y connaissent : Fougères nous le fait venir de Pékin par la valise diplomatique…

Elle s’interrompt pour mesurer avec minutie les cuillerées :

— … Fougères, – Bertrand Fougères, – c’est notre meilleur ami… que je vous présenterai tout à l’heure… il nous consacre gentiment un congé de trois mois… il est secrétaire d’ambassade à Constantinople…

Elle repose la boîte de plomb, à couvercle hermétique.

— … Là, ça y est.

Derechef elle s’assied sur la chaise longue, et caresse la taille de mademoiselle Dax.

— Nous avons aussi une hôtesse, une jeune fille comme vous, et comme vous très jolie ! Je suis sûre que vous connaissez son nom : mademoiselle Carmen de Retz…