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c’est que tous les rideaux sont épinglés, pour exclure le soleil. D’ailleurs, il n’y a pas de volets ; mais il y a de petites grilles de bois, des lattes croisées en treillis, qui montent à mi-hauteur des croisées, – comme dans les harems turcs. Et puis les plafonds très hauts sont peints d’une nuance sombre : on distingue à peine les poutres et les solives.

Madame et mademoiselle Dax sont au seuil du troisième salon, – le moyen.

Une chaise longue s’agite, trois ou quatre coussins tombent. Une femme allongée se lève d’un bond et vient au-devant des visiteuses, une femme qu’on croirait toute jeune, tellement elle est souple, n’étaient ses cheveux blancs comme de l’argent.

— Madame Dax, n’est-ce pas ? Je suis madame Terrien. Mon mari m’a annoncé votre visite. Je suis très heureuse de vous connaître. Asseyez-vous là, voulez-vous ? Ce fauteuil est bon…

Elle se retourne vers quelqu’un debout derrière elle :

— Mon fils Gilbert, que je vous présente, madame.

Madame Dax se rappelle qu’elle a une fille. Elle présente aussi :

— Ma fille Alice.

On s’assied. On se regarde.

Pas très beau, M. Gilbert Terrien. Vingt ou vingt-cinq ans, et de très grands yeux noirs ; mais trop petit, trop osseux, trop malingre. Infirme même, pour dire le vrai : il boite assez bas. Alice Dax, bien faite, saine, vigoureuse, fait contraste.