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Elle courait presque dans le sentier grimpant, se mouillant exprès aux fougères lourdes de rosée.


Près de déboucher sur le Signal, mademoiselle Dax s’arrêta net, extrêmement désappointée : la bonne place était prise. Un couple de fâcheux s’était emparé du petit plateau.

Les branches basses du sapin cachaient mademoiselle Dax. Elle délibéra de s’en retourner sans bruit. Mais une curiosité la prenait de ces gens plus matineux qu’elle. Elle voyait et n’était pas vue ; elle épia.

…Un couple, homme et femme… mademoiselle Dax ne les connaissait point. L’homme pouvait avoir vingt-cinq ans, la femme vingt ou vingt-deux… une jeune fille peut-être… oui, probablement… Ils étaient en tout cas fort bien : pareillement minces, hauts et souples, elle très blonde, lui presque brun. Debout l’un près de l’autre, silencieux, ils ne se touchaient pas, et regardaient le lac et la montagne.

Mademoiselle Dax les détaillait, étonnée de ne jamais les avoir aperçus encore. Ils étaient élégants, d’une élégance juste et simple. Lui, d’un geste lent, venait d’ôter son feutre, et l’avait jeté derrière lui, sans détourner la tête.

Au delà, dans le lointain bleu, l’Alpe et le ciel mêlaient leurs nuances d’aquarelle. Le couple inconnu se découpait, gracieux et noble, sur l’horizon lumineux.

…Ils ne se touchaient pas. Mais ils étaient très proches, tellement que, peu à peu, leurs mains se joignirent. Alors, une langueur les tourna l’un vers