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Madame Dax, rageuse, posa sa fourchette pour hausser les épaules plus ostensiblement. Le docteur, inquiet, s’efforça de l’adoucir :

— Allons, allons, madame Dax, ne vous fâchez pas. Les questions de religion, voyez-vous, quand tout le monde pensera comme moi, on ne s’en inquiétera plus guère !

Madame Dax, rudement, remit les choses au point :

— Mon bon ami, vous parlez comme un livre. Mais quand tout le monde pensera comme vous, il n’y aura plus d’imbéciles, et nous ne sommes pas près de ce temps-là. Vous, vous êtes assez intelligent pour vous passer de croyance, – et moi, quoique je ne sois qu’une bête, et guère savante, je m’en passe à peu près, au dedans de moi. Mais vous allez épouser une jeune fille qui n’est pas encore d’âge à faire la forte tête ; croyez-moi, laissez-la aller à confesse : ça vous épargnera du tintouin.

Mademoiselle Dax, tête baissée, restait muette. Personne d’ailleurs ne se souciait de ce qu’elle eût pu dire.

— Une femme, de n’importe quel âge, – trancha M. Dax, – est presque toujours assez faible d’esprit pour avoir besoin d’un tuteur. Mais elle a son mari, qui suffit à tout. Quant aux simagrées soi-disant religieuses, elles ne sont jamais que nuisibles, et dégradantes par-dessus le marché. Barrier, je ne donnerai pas de conseils à l’homme sérieux que vous êtes…

M. Dax, en principe, ne donnait jamais de conseils à personne.