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XI


Hors de la salle à manger, mademoiselle Dax piétina dix secondes dans l’antichambre. Puis l’escalier s’offrant, elle monta. comme toute bête traquée, elle fuyait d’instinct, vers le gîte.

Mais, arrivée, elle retrouva le journal déployé et les mots implacables frappèrent encore ses yeux, frappèrent sa chair et ses moelles : UN DUEL AU GRAND CAMP. Elle se détourna, avec un gémissement. Elle se réfugia vers la fenêtre.

Le délire la prenait. Elle crut voir, malgré la nuit, malgré le rideau des platanes, le Rhône proche…

Alors elle recula doucement, sans lâcher la fenêtre du regard. Elle recula jusqu’au lit.

Sur le lit, il y avait un chapeau. Mademoiselle Dax l’épingla sur sa tête. L’épingle, qui tremblait, piqua la tempe, si fort que des gouttes de sang perlèrent…

Et furtive, mademoiselle Dax sortit de sa chambre, redescendit l’escalier, traversa le vestibule, s’évada de la maison…


Un brouillard glacé noyait l’avenue. La nuit, opaque et gluante, s’amoncelait autour des arbres dont on n’apercevait que les troncs, colonnes supportant sans doute l’invisible architecture des brumes lourdes. Et